Qui n’a jamais été tenté de graver son nom, ou celui de sa chère et tendre, pour témoigner de son passage, de son amour ou de son coeur brisé ? Graver le bois, la pierre, est une activité typiquement humaine qui prend sa source dans la Préhistoire. Les Romains en étaient très friands : ils gravaient sur les murs des petites phrases témoignant de leur idées politiques, amours, rancœurs, des traces du quotidien que l’Histoire, la grande, a parfois oublié.
Sur notre territoire, dont l’architecture date essentiellement d’après les Guerres de Religion, la grande période des graffiti s’étend du XVIème au XVIIIème siècles, pour s’éteindre peu à peu au XIXème quand la notion de patrimoine s’est développée. En effet, ils sont alors devenus du vandalisme.
Pourtant quantité d’histoires, heureuses comme malheureuses, s’écrivaient sur les murs. Les surfaces de calcaire tendre, nombreuses ici, proposaient autant de supports d’écriture idéaux : les premiers gravant l’espace mural à leur niveau ; les suivants utilisant les pierres supérieures ou inférieures, les derniers gravant par dessus, pour donner parfois un enchevêtrement hétérogène.
Au grè des bâtiments, on découvre un simple tracé, mal incisé, naïf, spontané. La marque est étroite, la lecture difficile sans l’apport d’un éclairage rasant. Au contraire, d’autres gravures sont reprises par le moyen du grattage pour parfaire le résultat. Le soin apporté donne alors une indication sur le temps disponible pour le graphiste. En effet, combien d’heures ont été nécessaires pour reproduire tout une ferme sur plusieurs mètres d’un mur ?
La notion de temps a son importance pour comprendre l’approche des graffiti. Pourtant ce même temps tend à les faire disparaître. Alors prenez votre temps pour les découvrir dans cette exposition à ciel ouvert reprenant par thèmes (animaliers, marins, religieux, ésotériques, …) les plus beaux, les plus étranges ou les plus cachés des graffiti du territoire.